gent que vous me donnez si généreusement pour mes menues dépenses.
Et comme son père esquissait un geste de désapprobation :
— Ne me blâmez pas, supplia-t-elle ; je suis allée frapper l’autre jour au couvent de la rue Rideau. Une de mes amies françaises, car j’en ai maintenant, m’avait dit : « Allez-voir Sœur Sainte-Anastasie ; c’est plus qu’une bonne religieuse, c’est une femme patriote et qui sait admirablement sa langue. » Je me rendis donc au couvent ; je vis Mère Sainte-Anastasie ; et c’est convenu : deux fois par semaine j’irai prendre ma leçon. Voyez-vous, mon papa, continua la jeune fille, baissant un peu la voix, je me suis trouvée l’autre jour dans une réunion de jeunes Canadiennes-françaises. Le croiriez-vous ? Beaucoup n’y parlaient qu’anglais. Cela m’a fait mal au cœur. Je me suis dit qu’une petite de Lantagnac se devait de faire autre chose. Ai-je tort ?
Lantagnac pressa contre le sien le bras de la noble enfant. Avec une surprise joyeuse il venait de constater qu’elle lui avait parlé, cette fois, dans un français presque irréprochable.
— Ah ! ma petite Virginia, s’écria-t-il, tu es bien, toi, la fille de ta race. Tu te plais donc beaucoup à l’étude du français ?
— C’est une passion, mon père ; et j’apprends vite, allez. C’est étrange : le français me revient comme une langue que j’aurais déjà sue. Mère Sainte-Anastasie me dit que je suis une