Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
L’APPEL DE LA RACE

En moi la force héréditaire du sang pouvait dès lors librement agir. Eh bien, le croiras-tu ? ce sont les défections découvertes parmi les nôtres qui m’ont donné la seconde secousse. Devant ces hommes et ces femmes affublés d’un esprit étranger, j’ai senti qu’une main de fer s’était posée sur l’âme de ma race. Ma jeune fierté se révolta. Je lisais alors notre histoire. Chaque jour j’y découvrais le vieil humus où mon âme a ses racines naturelles. Aux côtés des déserteurs, petits par le nombre, je voyais les autres, ceux qui tiennent et qui ont tout le peuple derrière eux. Auprès de ces hommes, te le confesserai-je ? le spectacle de ce petit groupe de Français enveloppés par une centaine de millions d’Anglo-saxons, mais entêtés magnifiquement à ne pas se rendre, le spectacle de cette Alsace-Lorraine d’Amérique, plus seule, plus oubliée que l’autre, mais non moins endurante, non moins fidèle à elle-même depuis cent soixante-six ans, le spectacle d’une race qui met plus haut que toutes les ambitions matérielles, l’orgueil de sa culture, le prix de son âme, ce spectacle, te dis-je, je l’ai trouvé d’une beauté émouvante, supérieur à tout ce que m’avait montré jusqu’ici l’autre civilisation. Je le notais, du reste, à ma grande joie : les Anglo-saxons subjuguent là-bas comme ici, quelques rares unités, par leur or, par leurs mœurs. Personne par leur littérature et leurs arts. Vers ce même temps je me mis à fréquenter d’autres milieux que ceux de la bourgeoisie anglicisée…