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L'APPEL DE LA RACE

journal des mains de Virginia et lut lentement l’entrefilet. Virginia vit tout à coup son père pâlir. Il venait d’arriver aux dernières lignes. Le journal rapportait qu’à cette séance de la Ligue du Women Welfare, ces dames, très surchauffées de passions loyalistes par ce temps de guerre, avaient proposé de supprimer à la fin de leurs réunions, le chant du O Canada, pour y substituer le Rule Britannia. La résolution proposée par Lady Winston avait reçu l’hommage d’une très forte majorité, après le chaud appui de Madame de Lantagnac.

L’avocat laissa tomber le journal sur ses genoux.

— Ma Virginia, ne put-il que dire, ayons l’âme forte et préparons-nous aux pires malheurs.

Sa dernière illusion s’envolait ! C’était bien là une riposte au discours du 11 mai. Que signifiait de la part de Maud, cette volonté délibérée d’opposer son action publique à celle de son mari, sinon le dernier pas vers la rupture ?

Ainsi pensait tristement Lantagnac qui ne voyait juste qu’à demi. Le dernier pas, Maud l’avait en réalité franchi le jour du débat parlementaire. La suprême décision, elle l’avait arrêtée là-même, dans sa loge du parlement. L’intervention de son mari dans le débat, ne s’était pas offerte à elle, selon la présomption de Lantagnac, comme un manque de loyauté. Bien au contraire, elle y voyait la logique implacable d’une loyauté absolue. C’est pourquoi aussi, le mal lui parais-