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L’APPEL DE LA RACE

millions, maître incontesté d’une province du Dominion quatre fois plus étendue que les Iles britanniques. Nous sommes la nationalité la plus fortement constituée de tout le continent nordaméricain. Nul, parmi les groupements humains établis au-dessus de la ligne quarante-cinquième, nul ne possède une homogénéité plus parfaite que la nôtre ; nul ne s’est mieux acclimaté à l’atmosphère du Nouveau-monde ; nul n’a plus de traditions, ni de plus vigoureuses institutions sociales. Après plus d’un siècle et demi de conquête vit toujours, dans le Québec, un peuple de langue et d’âme aussi françaises qu’aux temps anciens de la Nouvelle-France. Et si des fragments amorphes de la nation allemande ou de la pauvre nationalité polonaise ont pu triompher de la puissance assimilatrice de nos formidables voisins, est-il au pouvoir de quelques milliers de persécuteurs d’écraser une race qui plonge ses racines au plus profond du sol canadien, comme l’érable, son symbole immortel ? »

De là, exécutant un mouvement qu’il savait de nature à faire réfléchir le ministère et les persécuteurs ontariens, l’orateur faisait appel aux éléments modérés et aux éléments catholiques des autres races. Aux premiers, aux hommes d’ordre et d’esprit conservateur, il montrait le vieux Québec catholique et traditionnel, opposant un rempart infranchissable aux propagandes antisociales ; il faisait voir le rôle possible de tous les groupes de race française, pour le maintien de