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L’APPEL DE LA RACE

démocratiques. On se montrait aussi l’auteur de la résolution, Ernest Lapointe, géant à la face intelligente et débonnaire ; Paul-Emile Lamarche, penché sur un dossier, rayonnant de jeunesse et de courage. Mais plus encore que ces derniers, le point de mire des tribunes n’était nul autre que le député de Russell, dont la jeune réputation d’éloquence et dont la fine tête attirait toutes les sympathies. Droit, dans son fauteuil, les bras croisés sur sa poitrine, Lantagnac paraissait attendre, très calme, le lever du rideau, quoiqu’il supportât péniblement le miroitement de ces lunettes qui lui paraissaient fouiller sans pitié le drame de sa vie.

La séance s’ouvrit. Dans le brouhaha des conversations, quelques menues questions furent expédiées par la Chambre aux trois-quarts distraite. On attendait le grand débat. Enfin Ernest Lapointe se leva. Il lut sa résolution. Le texte rappelait en premier lieu les garanties offertes, en matière de religion, d’usages et de langue, aux peuples passés par droit de conquête sous la puissance britannique ; il signalait ensuite les griefs des « sujets d’origine française de Sa Majesté dans la province d’Ontario dépouillés, dans une large mesure, par suite d’une législation récente, du privilège de faire instruire leurs enfants en langue française, privilège dont eux et leurs ancêtres avaient toujours joui depuis la cession du Canada à la souveraineté de la Grande-Bretagne » ; enfin il demandait que la Chambre des