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L’APPEL DE LA RACE

geste spontané des enfants ou l’effet d’un mot d’ordre parti des Frères, comme une escouade d’écoliers passait, quarante casquettes s’enlevèrent avec ensemble et les petites voix vibrantes crièrent :

— « Vive M. de Lantagnac ! »

Lantagnac, car c’était lui, salua avec émotion.

Pendant la nuit qui venait de s’écouler, il avait plus médité que dormi. Une alerte, du reste, l’avait tenu debout, lui et les siens, très tard dans la soirée. Maud avait eu une syncope, presque au sortir du souper. Appelé en toute hâte, le médecin diagnostiquait un trouble nerveux, mais passager, suite de surmenage, et recommandait la distraction et le repos. Le matin, levé de bonne heure, Lantagnac s’était souvenu qu’une messe et une communion des enfants avaient lieu à l’église Sainte-Anne, à sept heures et demie, pour le succès du grand débat. Il avait décidé de s’y rendre. Ne pouvant servir d’autre façon, pour le moment, du moins voulait-il aller prier avec les opprimés, mêler sa voix à la supplique toute-puissante des enfants. Virginia avait naturellement accompagné son père et c’est à elle qu’il donnait le bras, à elle aussi qu’il disait tout à l’heure, pendant le défilé des enfants :

— « Nos ennemis ne savent pas quelle puissance nous alignons, ce matin, contre eux ».

Homme de foi vive et profonde, Lantagnac avait conscience de ne pas prononcer là une vaine parole. Il croyait très fortement, il se plaisait