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L'APPEL DE LA RACE

— Tout de même, dit celui-ci, n’ai-je pas le droit de me demander ce que votre théorie mise en oeuvre par nos amis, depuis six ans, leur a rapporté de gains pratiques ? Vous le savez, appuya Lantagnac, je suis plus que sceptique sur les résultats.

— À la bonne heure ! fit le Père Fabien qui passa encore une fois la main sur son front ; à la bonne heure. Vous me ramenez à la question de fait. Examinons-la, en toute sincérité, comme l’autre. Voulez-vous ?

— Comment donc, si je le veux ! se hâta de répondre Lantagnac avec une hâte angoissée.

— La méthode de lutte a été inefficace, dites-vous ? Elle ne peut rien sur l’obstination des persécuteurs ? Mais alors pourquoi ces invitations à parlementer qui nous viennent de Toronto même ? Pourquoi cette peur qu’apporte aux ministres, ici, à Ottawa, le débat de demain ? Et sont-ce là tous nos gains ?

— Gains superficiels ! interrompit Lantagnac, avec un peu de nervosité. Car enfin le Règlement XVII n’est-il pas toujours là ?

— Et quand cela serait ? riposta le Père Fabien.

— Mais y a-t-il la plus légère probabilité qu’il soit jamais révoqué ?

— Qu’importe qu’il ne le soit pas, s’il n’est pas observé ? En fait qui s’occupe aujourd’hui de ce règlement inique dans les écoles canadiennes-françaises de l’Ontario ? Qui ou non, le français y fut-il jamais plus enseigné qu’en ces derniers