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À LA RECHERCHE DU DEVOIR

— Je les rejette ? Entendons-nous, fit le député. Je doute plutôt de leur efficacité. Je crois qu’en cette guerre comme en toute autre, la faiblesse ne peut ajouter à son déficit que par l’habileté. Pour tout dire, je ne crois point sage de foncer, tête baissée, contre un mur.

— Vous avez raison partiellement, mon cher, concéda le religieux, souriant. Aussi bien la vraie doctrine, pas si rigoriste que vous croyez, réserve-t-elle à des besognes moins chimériques le crâne humain.

— Mais enfin qui a raison des opportunistes ou des intransigeants ? demanda Lantagnac, avec l’anxiété d’un homme qui voit toute sa vie engagée dans la réponse qui va venir,

— Qui a raison des deux ? reprit froidement le religieux ; ni les uns ni les autres. Foncer toujours est une maladresse ; s’abstenir toujours est inadmissible, pour ne pas dire immoral. Mon ami, il ne s’agit ni d’être opportuniste ni d’être absolu ; il s’agit d’être prudent. Retenez bien ce mot, c’est le mot essentiel. Un de nos rares bonheurs, à nous, catholiques, c’est de trouver dans nos principes de quoi suffire à la solution de tous les problèmes, quels qu’ils soient.

— Oh ! la prudence ! voilà un mot qui, dans le langage, sonne étrangement comme le mot opportunisme ! ne put se tenir d’observer Lantagnac.

— C’est bien à tort, riposta le Père Fabien