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À LA RECHERCHE DU DEVOIR

renverse pas, mais ébranle le bel équilibre de son être moral. Qu’est devenu cet empire sur soi-même qui, dans les pires traverses de sa vie, lui faisait dire avec un mâle orgueil : « je suis maître de moi ». Cependant, même en ce désordre partiel, la rectitude habituelle de sa conscience lui reste. Ce ne sont ni des raisons fictives, ni des motifs intéressés et vulgaires qui montent à l’assaut de sa volonté. La tentation chez lui, en traversant le prisme de son âme de gentilhomme, se colore des apparences du devoir. Il sent bien, par exemple, la faiblesse des raisons que Maud lui oppose. Il serait si simple à l’épouse de Jules de Lantagnac, non pas d’entrer dans les sentiments nouveaux de son mari ; — concession trop entière qu’il n’exige point — mais de les accepter comme l’évolution naturelle d’une personnalité loyale, comme le droit d’une conscience. Comment donc le mari de Maud Fletcher pourrait-il devenir moins bon père de famille, époux moins aimant et moins fidèle, en pratiquant la plus haute fidélité ? Aurait-il dépossédé la mère en reprenant ses droits paternels ? Non, Lantagnac ne se cache point ce qu’il y a d’illégitime dans les prétentions de Maud trop principalement appuyées sur l’orgueil individuel et ethnique. Cependant, il lui paraît contraire à la loyauté, contraire à ses engagements de fiancé, d’abandonner après vingt-trois ans de mariage, la femme qu’il a tirée hors de sa famille, hors de la foi de ses ancêtres, après la promesse solen-