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L’APPEL DE LA RACE

de famille est un bien commun, et qu’en le défendant je défendais le bien de tous.

Maud sentit aux vibrations de la voix de Jules que son cœur battait plus fort. C’est donc d’une voix encore plus suppliante qu’elle reprit :

— Mais au moins, puis-je espérer que ce sacrifice ne sera suivi d’aucun autre ?

Lantagnac baissa les paupières et dit lentement :

— Puis-je savoir, moi, jusqu’où le devoir me conduira ?

Et, la main sur celle de Maud qui s’était posée sur le bras de son fauteuil, avec sa grande élévation d’esprit, très franchement, il lui exposa quelques-uns des hauts motifs qui gouverneraient ses prochaines décisions :

— Je veux que tu le saches bien, appuya-t-il, c’est l’amour de ma race, sans doute, qui me pousse à agir ; c’est aussi le commandement de ma foi. Bien souvent, Maud, tu m’as confessé les difficultés qu’éprouve un converti, obligé de garder ses croyances dans son milieu protestant. Tu sais, comme moi, les ravages affreux que les mêmes influences opèrent dans les milieux catholiques irlandais. Les journaux, les livres que l’on lit dans ce monde-là, les mariages mixtes qui s’y font tous les jours, travaillent plus efficacement pour l’hérésie que tous les prédicants ensemble. Quelles statistiques navrantes ne nous offrent pas les races catholiques qui s’anglicisent au Canada et aux Etats-Unis ! Tu te souviens qu’ensemble