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L’APPEL DE LA RACE

sourcil parfois, souriant le plus souvent. Pour toute réponse, il se contenta de souligner en passant, avec une modération qui rendait la riposte cinglante, une contradiction manifeste échappée à son interlocuteur :

— Mais comment donc, demanda-t-il, nous représentez-vous l’agitation, l’intransigeance comme des moyens funestes aux causes des minorités, et d’autre part, nous montrez-vous le gouvernement persécuteur d’Ontario ennuyé de la lutte et prêt à demander la paix ? Dites, mon cher Duffin, comment votre logique concilie-t-elle d’abord ces deux choses ?

L’objection désarçonna visiblement l’Irlandais.

— Oh ! dit-il, je vous abandonne volontiers ma théorie. Le fait reste : on est lassé à Toronto et il serait habile de mettre à profit cette lassitude. Il y a mieux, mon cher ; — et ici, Duffin baissa la voix et prit son ton le plus solennel — il y a mieux, ai-je dit. On est lassé à Ottawa, on veut la paix, on ne veut point de ce débat qui peut tout gâter. Là aussi, Lantagnac, on compte sur vous. On croit que vous êtes l’homme pour tirer cette malheureuse question hors du domaine politique.

— Et après ? interpella ici Lantagnac, qui manifestement s’impatientait.

— Après ? reprit Duffin, dont l’accent se radoucit encore, après, je suis persuadé, ou plutôt je suis sûr que le gouvernement serait