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PRÉPARATIFS DE BATAILLE

ses expressions, le ton enthousiaste de sa voix — mes facultés sont vivifiées, fortifiées comme une plante poussée dans une cave et qui retrouverait le soleil ».

— Alors, trancha Duffin, d’un ton décisif, mais c’est du pur mysticisme ! Non, décidément, un tel homme n’est plus accessible à une persuasion, par les voies du raisonnement. Une seule ressource nous reste, mon amie : faire appel à son orgueil et à son intérêt.

— Que voulez-vous dire ? demanda Maud.

— Voici, répondit Duffin : vous savez qu’en haut lieu on redoute Jules. Il a du talent et il a ce qui est plus rare : de l’autorité. Je crois savoir qu’on lui offrirait volontiers un « gros fromage », comme on dit, par exemple un siège de sénateur, ou encore un poste à la commission des chemins de fer, si seulement Jules voulait se montrer accommodant, plus discret dans ses paroles et dans ses actes. Croyez-vous qu’il soit accessible à une intéressante combinaison ?

— Ah ! Duffin, dit Maud, branlant la tête, j’en doute absolument. Ne connaissez-vous pas l’intransigeance de Jules ? C’est un caractère si hautain, si entier.

Puis, se ravisant, elle dit avec un peu de honte dans la voix :

— Rien n’empêche pourtant que vous ne tentiez l’épreuve ; nous n’avons plus le choix des moyens.

— Et vous ne savez rien du tout de sa décision ?

insista l’autre.