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L'APPEL DE LA RACE

— Mon cher sénateur, vous connaissez mon dévouement à la cause française. C’est un grand honneur que vous proposez à un pauvre néophyte. Permettez cependant que je vous demande quelques jours de réflexion. Peut-être savez-vous un peu ce qui se passe chez moi ? À l’heure où je vous parle, je ne suis pas l’unique maître de mes décisions.

Le sénateur s’était levé pour prendre congé ; il tendit la main au député.

— Mon cher de Lantagnac, lui dit-il, avec une profonde sympathie, je sais et je vous comprends. Songez seulement que nous tenons beaucoup à votre parole ; elle est la force et l’honneur de notre cause.

— Merci, répondit simplement le député ; aussitôt que ma réponse sera prête j’irai moi-même vous la porter.

Le sénateur sortit.

Le 23 avril la résolution d’Ernest Lapointe était déposée sur le bureau de la Chambre et l’on en fixait la discussion au 11 du mois de mai. Dès le lendemain, la nouvelle courait déjà par toute la presse du pays. Les journalistes toujours pressés d’affriander le public, dressèrent, sans plus tarder, une liste des orateurs du prochain débat. Le nom du député de Russell figura en première ligne.

Le lendemain soir de son entrevue avec le sénateur, Lantagnac put lire la liste dans tous les journaux de la capitale. Résigné d’avance à quel-