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L'APPEL DE LA RACE

hommes comme vous soient avertis et tiennent leur poudre sèche. Souvenez-vous bien.

Il serra la main du député et continua son chemin.

— Qu’a-t-il voulu dire ? se demandait de nouveau Lantagnac pendant que, songeur, il rentrait à ses bureaux. Instinctivement il rapprochait cette parole, d’une autre prononcée par le sénateur Landry, le jour où celui-ci l’avait prié de poser sa candidature dans Russell. « Le prochain acte de la tragédie scolaire se jouera au parlement fédéral », lui avait déclaré le sénateur. Depuis ce jour-là, bien des fois le député a songé à cette suprême manifestation. À quelle heure, sous quelle forme viendrait-elle ? Dans les premiers temps Lantagnac la voyait venir avec bonheur, comme une éclatante occasion de confesser sa foi patriotique et de réparer les erreurs de sa vie. Hélas ! son désir n’était plus le même, maintenant que les misères de son foyer lui faisaient voir le péril de toute grande action publique. À partir de ce moment, la parole du président Genest ne cessa de lui revenir, comme une énigme troublante.

Cependant les jours passaient ; l’on arrivait à la fin d’avril. Au parlement la session touchait à sa fin. D’après les pronostics les plus vraisemblables, il ne paraissait point qu’elle pût atteindre le mois de juin. Parmi les chefs de la lutte scolaire, le mot d’ordre fut de se hâter. Un après-midi, Lantagnac vit entrer à son étude de