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L'APPEL DE LA RACE

et des religieuses, des maîtres et des maîtresses laïcs. Tous et toutes préfèrent enseigner, sans un sou de rétribution, plutôt que de se soumettre à la loi inique. Cependant la commission gouvernementale réussit à s’emparer des fonds scolaires. Bientôt les écoles libres, réduites par la famine, sont contraintes de fermer leurs portes ; et des milliers d’enfants sont renvoyés à leurs parents.

Les bambins et les bambines en congé ne perdent pas leur temps. L’heure est à la vaillance, à la crânerie. Pendant que les petites filles, en longues files, envahissent les églises et vont prier pour le salut de la « Cause », les petits gars mobilisent les grandes voitures de livraison, les ornent de drapeaux, de banderolles porteuses de légendes vibrantes, et les voici qui paradent à travers les rues de la capitale. Un jour, on les a vus défiler jusqu’auprès des murs du Parlement. Pressés les uns contre les autres, debout, les enfants agitaient leurs drapeaux, sous la neige tombante, et criaient à tue-tête : « Nous voulons les Frères et les Sœurs ». « Nous voulons nos maîtres et nos maîtresses ». « Nous voulons la liberté » — Les passants s’arrêtaient pour regarder aller la manifestation. Les uns se découvraient et applaudissaient avec fierté ; d’autres ronchonnaient quelques imprécations torontoniennes, scandalisés que la police tolérât de pareils désordres.

Près du Musée Victoria, devenu temporairement le siège des Communes, deux hommes suivaient des yeux les voitures des petits manifes-