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L’ÉMANCIPATION D’UNE ÂME

l’enfant est en soi un être à élever et que l’éducation est essentiellement un « control » ou n’est pas ? Ah ! oui, comment ? Comment ? Toujours la même erreur initiale, toujours cette mystique anglo-saxonne acceptée par moi, comme un credo indiscutable ».

Propos très sages assurément, mais d’une sagesse combien tardive. Quelques semaines tout au plus après la rédaction de cette page de journal, un incident au dernier point fâcheux vint souligner durement à Lantagnac la profonde vérité de sa nouvelle philosophie. Une tradition du Loyola collège ramenait, chaque année, à l’époque du printemps, un grand débat académique où figuraient les élèves des hautes classes. Habituellement les écoliers choisissaient eux-mêmes le sujet du débat, quittes à le faire approuver par le Père préfet des études. La question des écoles dites « nationales » se posant avec fracas devant l’opinion, depuis la crise ontarienne, les jeunes académiciens du Loyola décidèrent d’en faire le thème de leur discussion. Le problème fut donc posé : Est-il de l’intérêt du Canada d’accepter un seul type d’écoles dites nationales, avec l’uniformité des programmes, des manuels et des lois de l’éducation ? Nous n’avons pas à décrire ici la marchandise fort suspecte qui se cache au Canada, sous cette étiquette sonore et trompeuse « d’école nationale ». Dans la pensée de ses promoteurs, « l’école nationale » n’est guère autre chose que l’école neutre et anglo-saxonne. Or, cette année-