Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
L’APPEL DE LA RACE

cote de leur estime. Me comprenez-vous maintenant ?… Jules de Lantagnac n’est plus l’instrument qui puisse servir. On le respectera, sans doute. Mais il ne sera plus l’ami, le « nice fellow » d’autrefois. On cachera le dédain, mais il y sera. Et cette situation nouvelle, vous ne pouvez trouver mauvais, j’imagine, que le mari de Maud ne s’en accommode point.

Le père Davis subit l’averse sans broncher. Après un long silence il secoua la cendre de son cigare qui continuait de brûler entre ses doigts, puis il me jeta sur le ton d’une objection :

— Et vous parlez ainsi à quelle heure, mon ami ! Le savez-vous ? À l’heure où nous, nous, les premiers, vous parlons aujourd’hui de bonne entente.

— Je sais, repris-je, dissimulant mal mon impatience ; mais voulez-vous que nous parlions d’autre chose ?

— Eh ! quoi donc ? demanda le vieillard, fortement piqué. La paix vous fait-elle horreur à ce point ?

Une fois de plus j’hésitai. Puis, de nouveau, je me décidai pour la franchise :

— Ce n’est pas de la paix que j’ai peur.

— De quoi donc alors ?

— J’ai peur des entre-duperies où la naïveté n’est que d’un côté qui n’est pas le vôtre.

— Et cela veut dire ?…

— Cela veut dire qu’aussi longtemps qu’il y a un spolié et un spoliateur, on peut parler de