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L’APPEL DE LA RACE

— Non, reprit Maud, toujours vexée ; mais vous parliez alors volontiers d’une race supérieure qui n’était pas la vôtre.

— Oh ! pour cela, je vous le concède, acquiesça-t-il ; il y a quelque chose de changé dans mon esprit.

— Je le savais, dit Maud ; vous n’êtes plus le même depuis votre fameux voyage à Saint-Michel. Et votre femme a ce tort maintenant à vos yeux, d’appartenir à la race inférieure.

Lantagnac eut un léger mouvement d’impatience.

— Maud, mon amie, reprit-il, très suppliant, voulez-vous que nous causions sur un autre ton ? À quoi bon chercher à nous blesser aux parties les plus sensibles du cœur, quand, en réalité, vous le savez bien, je n’ai pas changé pour vous ?

— Soyez franc, Jules, répondit-elle froidement, presque provocatrice ; le sang qui coule dans les veines de Maud Fletcher n’a pu déchoir, descendre au second rang dans votre estime, sans que votre femme aussi y ait baissé.

— Que me parlez-vous de race supérieure et de race inférieure ? dit Lantagnac. Je crois encore à la supériorité de la vôtre ; en plus je crois aussi à la supériorité de la mienne ; mais je les crois différentes, voilà tout. Si vous me demandez à laquelle des deux vont mes préférences, respectez mon sentiment, Maud, comme je respecte le vôtre.

Madame de Lantagnac haussa les épaules :