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Closse, sont des laïcs. Éclatant exemple d’action catholique dont la Providence voulut illustrer les premières pages de l’histoire de notre jeune pays ! Dans cette œuvre d’apostolat, Jeanne Mance n’a pas été l’élue de la moindre part. Mais comment devint-elle hospitalière ? Où a-t-elle pris son amour des malades et des miséreux ? Dieu a sa manière à lui de préparer aux grands rôles. Comme il entre peu d’improvisation dans les entreprises divines, d’ordinaire la Providence s’y prend d’assez loin. Elle fait surgir dans la vie de menus événements dont la portée échappe. À nos esprits myopes, ils peuvent paraître des hors-d’œuvre, des diversions fâcheuses. Ils sont le noviciat préparatoire à de plus hautes tâches. Lors de l’épidémie qui affligea sa petite ville de Langres, Jeanne s’est-elle enrôlée dans le régiment des infirmières bénévoles ? Le fait paraît discutable. La vraisemblance historique semblerait exiger qu’il fût vrai. Sinon, d’où serait venue à Mlle Mance, petite femme perdue au fond d’une province de France, d’où lui serait venue la pensée de s’offrir à M. de La Dauversière en qualité d’hospitalière ? Lui-même, M. de La Dauversière, comment eût-il pu accueillir si chaleureusement, pour une œuvre difficile entre toutes, une personne qui fût venue à lui sans titre, sans la moindre préparation ? Que si l’on écarte l’hypothèse de l’« infirmière bénévole », ne faut-il pas se rabattre sur un apprentissage d’infirmière dans la maison familiale ? Chez les Mance, on paraît avoir été de santé débile. Les parents sont morts jeunes. Jeanne, nous l’avons vu, était de complexion maladive. La santé des autres enfants valait-elle mieux ? Serait-ce alors dans son rôle improvisé de mère de famille que Mlle Mance aurait appris les rudiments de sa future fonction ? « Infirmière bénévole » ou infirmière dans sa famille, s’est-elle jamais doutée que, par ce dévouement obscur, Dieu préparait en elle la future