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pas à s’embarquer pour la France. Dollier de Casson a noté, dans l’hospitalière, ce même trait de virilité. Jeanne Mance, c’est, pour le Sulpicien, « une fille de vertu héroïque et de résolution mâle ». Il paraît assez évident, en effet, qu’on a voulu faire de Jeanne, non seulement une hospitalière, mais l’économe, la gérante de la colonie montréalaise. Voici en quels termes l’historien Faillon nous présente la rencontre providentielle de Mlle Mance et des Associés de Montréal : les Associés, nous dit-il, « avaient besoin d’une chose qu’ils ne pouvaient trouver et que leur bourse ne leur pouvait fournir. C’était une fille ou une femme de vertu assez héroïque et de résolution assez mâle pour venir dans ce pays prendre le soin de toutes ces denrées et marchandises nécessaires à la subsistance de ce monde et pour servir en même temps d’hospitalière aux malades ou blessés ; que si leur argent ne la leur peut octroyer, la providence qui depuis l’an 1640, les employait fortement à cet ouvrage, avait pris le soin de disposer à leur insu la personne dont ils avaient besoin… ». Un autre trait en passant. On se rappelle que, pendant l’hiver de 1641-1642, alors que partie de la Compagnie de Montréal loge dans la maison de Saint-Michel, banlieue de Québec, les fervents de Paul de Chomedey se sont mis en tête de célébrer la fête de la Conversion de saint Paul (25 janvier) qui était aussi le trentième anniversaire de naissance du chef de la Compagnie. On se permit de tirer du pierrier et du canon, sans la permission des autorités. Grand émoi dans Québec, qui, avant même que leur ville soit née, trouve déjà à s’inquiéter de ces gens de Montréal. Et M. de Montmagny d’ordonner aussitôt une enquête sur ces réjouissances clandestines et bruyantes. Et que révèle l’enquête ? Ce trait significatif et pittoresque que l’on a tiré « en outre 15 ou 16 coups de mousquet par le commandement de qui ? D’une fille nommée Mad.lle Mance… ». Beaucoup de ceux qui se