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Jeanne, la cornélienne et la mystique, remuée au plus creux de son âme, répondit : J’irai !

Quoique soudaine, la décision ne laissa pas de s’accompagner de prudence, de raison, en cette tête de petite Française. Car elle a l’esprit lucide et vigoureux. Sœur Morin nous apprend qu’elle s’entretenait des problèmes de la spiritualité avec M. de La Dauversière, par exemple, « comme un séraphin » eût pu le faire, « et bien mieux que plusieurs Docteurs ne sauraient faire ». Son hésitation n’en fut pas moins de courte durée. Elle consulta quelques-uns des plus célèbres directeurs spirituels de l’époque, entre autres le Père Saint-Jure. Et Jeanne décida sans plus de s’embarquer pour le Canada. Décision presque fougueuse, qui s’expliquerait, à défaut d’autres raisons, par ce qu’il y avait, dans le caractère de la jeune femme, de décisif et d’absolu. Et nous voilà conduit, après l’examen de sa vocation extraordinaire, à l’examen de sa personnalité, qui, elle aussi, va nous apparaître, je crois, un peu extraordinaire.