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convaincus de scandale, l’intendant les condamne « à faire amende honorable en chemise, la corde au cou, tenant en mains une torche de cire ardente de deux livres, au devant de la principale porte de l’église cathédrale, et là, tête nue et à genoux, déclarer à haute et intelligible voix, que méchamment et frauduleusement ils ont profané et abusé de la sainteté du sacrement de mariage, qu’ils se repentent et demandent pardon à Dieu. Cela fait, ajoute l’intendant, ils seront battus et fustigés de verges par l’exécuteur de la haute justice, par les carrefours et lieux accoutumés de cette ville, et bannis pour trois ans ».[1]

Voulez-vous que nous entrions un peu plus dans une église de l’ancien régime ? Bien des choses précieuses, caractéristiques de la société d’alors, s’en sont allées, hélas ! avec le régime nouveau ou depuis quelque cinquante ans. La hiérarchie sociale se reflétait dans nos vieux temples, seuls lieux où apparût la vie publique. Le seigneur haut justicier, sur le domaine duquel était bâtie l’église, s’y voyait conférer des honneurs particuliers. Ainsi dans toutes les églises on pouvait voir le banc seigneurial, à droite en entrant, à quatre pieds de la balustre, de même largeur que les autres mais d’une profondeur qui pouvait être double. Les co-sei-

  1. L’Église du Canada depuis Mgr  de Laval jusqu’à la conquête, 2ème partie, p. 273, Gosselin.