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à la ceinture. Pour marcher dans les souches et les chemins d’alors, la robe-entrave ne paraît guère à nos aïeules chose pratique. Elles portent souvent une croix d’argent au cou et toutes se reprennent sur leur chevelure. Kalm qui paraît en avoir été fort agacé, prétend que les Canadiennes ont un soin infini de leurs cheveux, qu’« elles les ornent et les poudrent chaque jour et se papillottent chaque huit ».[1] Mais suivons tout ce monde dans l’église.

Oh ! ces églises du vieux temps, nos ancêtres avaient bien quelque mérite à y venir. Ni riches ni belles, elles étaient froides en hiver comme le pôle arctique. Aucune n’était chauffée ; pas le moindre feu avant 1815 dans les églises du Canada, comme s’il eut fallu suivre le rite romain jusqu’à cette dernière rigueur. Mgr  Hubert veut bien nous assurer, dans un rapport au Saint-Siège, que dans les églises canadiennes le service divin s’accomplit avec plus de majesté que dans beaucoup de diocèses d’Europe. Et cependant comment ne pas nous rappeler, avec un peu d’inquiétude, le spectacle pittoresque de tous ces gens fortement encapuchonnés, se dandinant sur leurs pieds pour ne pas geler « tout d’un pain », toussant, crachant et soufflant de la vapeur comme des cheminées ou des encensoirs, pendant qu’au lutrin, les chantres, la tête couverte d’un immense bonnet carré,

  1. Voyage en Amérique, pp. 53-103.