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bonne d’essayer ses chevaux, le long de la route, et l’on s’en vient bon train, le père généralement debout, les guides à la main, à l’avant de la carriole ou de la traîne pendant l’hiver. L’été, dans les chemins impassables, on va souvent à dos de cheval et l’on emmène la femme en croupe. Franquet a vu ce spectacle en 1753 à Saint-Sulpice où les fistons de la paroisse qui portaient une bourse aux cheveux, un chapeau brodé, une chemise à manchettes, des mitasses aux jambes, conduisaient en croupe leur blonde à l’église. Le docteur Hubert La Rue raconte qu’au commencement du dix-neuvième siècle, la coutume existait encore à l’Île d’Orléans de se rendre au feu de la Saint-Jean, à cheval, les femmes en croupe derrière leur mari.[1] À l’église on vient aussi à pied. L’habitant fait des milles et des lieues nu-pieds ou avec ses chaussures de travail. Arrivé près de l’église, il s’assied au bord de la route, il chausse religieusement ses souliers français apportés sous le bras, et ainsi tout faraud, un peu instable sur ses talons exhaussés, à la voix du garde-chien, il entre dans la maison du bon Dieu « où la messe va commencer ». Les « créatures » sont entrées les premières comme elles sortiront les dernières. Elles sont arrivées les unes en robe, beaucoup d’autres habillées comme la semaine, d’un court mantelet petit et élégant sur un court jupon serré

  1. Sulte. La Saint-Jean-Baptiste, (M. S. R. C.) p. 5.