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des hommes »,[1] à leur donner cette élégance naturelle, ce bon ton qui étonnait et charmait les voyageurs étrangers.

La même société avait créé dans la paroisse une atmosphère de vertus chevaleresques et aussi quelques coutumes qui se rattachent à l’ordre féodal. Dans la vieille paroisse comme dans la vieille famille canadienne se manifeste quelque chose de l’élément militaire. Et le seigneur, ancien officier et chef de bataillon, n’est pas seul à y contribuer. À côté de lui et tout près de lui, il y a le capitaine de la côte. Le capitaine c’est le premier personnage après le curé et le seigneur. Dans l’église il occupe le premier banc après le banc seigneurial ; c’est lui qui préside aux exercices de milice ; c’est lui qui, le dimanche, après l’office communique aux habitants les ordres du gouverneur ; et à défaut d’huissier, c’est le capitaine de la côte qui fait les sommations judiciaires.

Parmi les usages issus de l’élément militaire dans la vie paroissiale, ne faut-il point compter la plantation du mai devant la demeure du seigneur ou du capitaine de la côte ? Les récits qu’on nous a laissés de cette vieille fête varient peut-être pour les détails, ils s’accordent assez bien pour l’ensemble.

Le matin du premier mai, devant le manoir ou la demeure du capitaine, arrivait

  1. Mémoires, p. 584.