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au moyen du contrat que nous avons passé ensemble par devant Roussel à Mortagne, le quatorzième jour de mars 1634, vous déclarant que je vous offre payer les droits seigneuriaux et féodaux quand dus seront, vous requérant me recevoir à la dite foi et hommage »[1] Ainsi parla Guion aux genoux de François Boullé. Et quand Giffard rentra, il apprit, avec quelque mauvaise humeur, sans doute, que le rusé vassal avait tout de même trouvé le moyen de ne pas s’agenouiller devant son vrai seigneur.[2]

Les censitaires témoignent facilement de l’affection à leur seigneur. Ils sont fiers du manoir s’il est beau ; ils recherchent volontiers le patronage de la famille seigneuriale qui y condescend de bon cœur. Nos habitants s’inclinent sans aigreur devant cette supériorité sociale. Philippe-Aubert de Gaspé nous raconte dans ses Mémoires un fait qui manifeste bien la courtoisie respectueuse de nos pères envers leurs seigneurs. Quand madame Taché, la seigneuresse de Kamouraska, sortait de l’église, le dimanche, tous les habitants déjà prêts à partir, tenaient leurs chevaux en arrêt. Avec galanterie, en avant d’eux tous, il laissaient passer la voiture de la noble dame. Puis, en longue file derrière elle, réglant leur marche sur la voiture seigneuriale, ils suivaient

  1. Ferland, notes sur les registres, p. 49.
  2. Voir dans Histoire générale du Droit Canadien, pp. 495, 496, la cérémonie de foy et hommage de Jean Noël, en présence de Sir James Murray.