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gendaire marais — légendaire tout-à-fait — pour empêcher le coassement des grenouilles de troubler le sommeil de la seigneuresse.

Le vieil esprit féodal se manifeste tout au plus chez nous par la cérémonie de foi et hommage. L’histoire nous a conservé quelques-unes de ces cérémonies, entre autres la prestation de foi et hommage imposée par M. de Montmagny au sieur Guion, censitaire de Giffard.

Vous connaissez ce vieil incident de la vie seigneuriale chez nous ? Guion avait été condamné à rendre foi et hommage à Giffard pour son fief du Buisson. Il s’acquitta de cette formalité le 30 juillet 1646. Au jour dit, Guion se trouva donc devant la maison seigneuriale de Beauport, à la principale entrée. Guion frappa. François Boullé, fermier de Giffard, vint répondre. Guion demanda si le seigneur de Beauport était là ou toute autre personne autorisée à recevoir les vassaux à foi et hommage. François Boullé répondit qu’en l’absence du seigneur, il possédait l’autorisation voulue, Guion, nu-tête, sans épée ni éperons, se mit alors un genou en terre, et dit par trois fois : « Monsieur de Beauport, monsieur de Beauport, monsieur de Beauport, je vous fais et porte la foi et hommage que je suis tenu de vous faire et porter à cause de mon fief du Buisson, duquel je suis homme de foi relevant de votre seigneurie de Beauport, lequel m’appartient