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V

La vie féodale



Le régime féodal en Nouvelle-France n’a rien de la raideur ni des rigoureuses dépendances que le mot évoque en Europe. Il se caractérise plutôt entre ces hommes peu distants de fortune et de noblesse, par beaucoup de bienveillance paternelle d’un côté, et de l’autre, beaucoup de respect et de déférence. Quand, après la criée de la Saint-Martin, le seigneur, assis dans la grande salle du manoir, accueille à tour de rôle ses campagnards, d’un côté comme de l’autre, la réception s’empreint d’une joviale humeur. Le censitaire ne paie que des redevances légères : un sol de cens par arpent de front ; et, pour la rente, un sol pour chaque arpent en superficie et un ou deux chapons gras ou quelque mesure de grain pour chaque arpent de front. Il doit encore quelquefois le onzième poisson pris à la pêche, deux ou trois journées de corvée avec un cheval par an, et s’il trafique son bien, en certains cas, il paie au seigneur les lods et ventes, soit le douzième du prix reçu. Et c’est tout. Le censitaire canadien n’est pas taillable et corvéable à merci. Nulle part en Nouvelle-France on ne l’oblige la nuit à battre le lé-