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prêtre pour bénir et pleurer. Autrefois, quand venait le temps de mettre le blé en terre, dans tous les champs, dans tous, le semeur avec son semoir en bandoulière, faisait au bout de la planche, avec sa première poignée de grain, un grand signe de croix. Autrefois, quand venait un nouvel enfant, au bord de tous les berceaux, au bord de tous, c’était fête joyeuse, et chaque fois le père et la mère élevant dans leurs bras le nouveau baptisé disaient à leur voisinage : « Nous nous sommes enrichis ». Autrefois, quand venait le temps d’aller aux pâques, dans toutes les églises, dans toutes, les hommes, les femmes, les enfants qui avaient l’âge, se retrouvaient tous ensemble devant le ciboire d’argent. Autrefois, dans les midis brûlants ou dans les soirs parfumés de fenaison, quand vibrait l’angélus paroissial, tout un peuple de travailleurs, de l’Acadie, de Tadoussac et de Gaspé jusque là-bas aux Illinois et à la Louisiane, s’inclinait et remuait des prières sous la rumeur des clochers, attestant la foi vivante qui fait les peuples immortels.