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III

L’élément religieux



Ces vieux se tournaient facilement vers Dieu et non point seulement à l’heure de leurs chagrins. Souvenez-vous qu’ils ont eu des ancêtres choisis, que leurs premiers missionnaires, leurs premières religieuses, leur premier évêque furent des saints. Ces grands exemples ont profité ; les nobles et puissantes prières des héros et des martyrs, les mœurs frugales et austères, les labeurs surhumains des commencements ont produit leurs fruits. Un catholicisme vivant, fait de franchise, d’ardeur simple, de fortes habitudes de moralité, se perpétue dans les familles et leur ajoute un caractère bien particulier, un cachet de noblesse supérieure. Souvent, dans les temps primitifs, quand la chapelle n’était pas bâtie, quand le prêtre ne passait que tous les trois ou quatre mois, chaque foyer a été une petite église où se célébrait la messe blanche. Le dimanche, le père réunissait la femme, les enfants, les domestiques ; on priait, et l’on écoutait une lecture pieuse. Au temps des guerres iroquoises, notamment aux Trois-Rivières, presque toutes les maisons s’étaient transformées en oratoires où des lampes brûlaient, ardentes