Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rythme sur la marche de ses bêtes :


« Dans les prisons de Nantes,
« Y a t’un prisonnier…

Mais le soir, quand il revient du travail et que l’écho s’y prête, sa chanson se fait plus joyeuse, des notes plus fières s’élancent et la voix de l’homme paraît alors comme la voix de la terre qui chante sa force, le triomphe du labeur, l’espérance des moissons prochaines :


« Lève ton pied, légère, légère »
« Lève ton pied légèrement… »

Dans l’intérieur de leur maison nos aïeules font de même et Kalm qui s’en va par les chemins, les entend qui fredonnent sans cesse, les jeunes filles surtout, des refrains où les mots cœur et amour reviennent souvent. Comment s’ennuyer dans la maison canadienne, avec le tapage des enfants qui crient, s’agitent comme des lutins, avec les rondes improvisées des frères et des sœurs, le soir, dans la place, avec la vingtaine de convives qu’ils sont toujours à table ? « Nous autres, avaient coutume de dire les vieux, en montrant la joyeuse tablée, nous sommes toujours aux noces ».

« On peut se faire une idée de la gaieté d’autrefois, écrit Ernest Gagnon, par les coutumes, les récits anecdotiques, les formulettes, les devinettes, les jeux de société, les chants et les contes populaires qui sont res-