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c’est de s’être constituée une coopérative du travail et une petite société presque indépendante dans le domaine économique. Le budget familial veut que la production commune suffise à tous les besoins. Et tout le monde travaille et tous les métiers fonctionnent pour que du labeur de chacun tous aient à manger et à se vêtir. Oh ! les joyeux et ambitieux concours entre faucilleurs et faucilleuses ! Oh ! les courses à l’engerbage du blé, au crochetage des pois, et les plantureux dîners sous l’ombrage, dans la pièce du trait-carré, parmi l’odeur de la fenaison et la chanson du vent ! Oh ! les laborieuses journées du long hiver alors que la mère, dans les ronronnements du grand rouet, fait nouer et manger par le fuseau les longs rouleaux de laine, que le père ou la grande fille pédalent sur le métier à tisser, que les enfants pelotonnent autour du dévidoir, que la grand’mère dans son coin tricote éperdument, ou plisse avec son alêne au manche de corne un beau soulier de cuir neuf et qu’à la grange les garçons, à grands coups de fléau, font monter dans la batterie l’épaisseur du blé.

L’habitant aime aussi beaucoup ses bêtes ; il les aime dans la mesure des services qu’il en reçoit et il entretient pour ses chevaux une passion presque coupable. Généralement il a un cheval pour chacun de ses garçons, à moins que les édits qui pleuvent, ne l’obligent à se limiter à deux ou à trois. Dans