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nos pères, très fiers, portant haut et portant beau, n’avaient rien de commun avec les demi-sauvages de Parkman. Rien non plus dans leur passé ne viendrait autoriser cette autre légende d’un « peuple de porteurs d’eau et de scieurs de bois ». Faire des anciens Canadiens, peuple exclusivement militaire et rural, peuple de défricheurs et de laboureurs, peuple de propriétaires du sol, un peuple de domestiques et de portefaix, c’est assurément d’une haute fantaisie. Charlevoix qui les connaissait pourtant quelque peu, a écrit de nos ancêtres : « On prétend qu’ils sont mauvais valets » et il ajoute : « c’est qu’ils ont le cœur trop haut » !

Nous pourrions mener beaucoup plus loin cette enquête. La conclusion ne changerait pas. Elle ne ferait pas de notre vie ancienne la pastorale niaise d’un Eden imaginaire où des couples enchantés dérouleraient, sous la coudrette, au son du tambourin, des rondes et des idylles éternelles. Elle nous laisserait ce qui vaut mieux, ce qui chez nous devient l’une des plus nobles satisfactions du chercheur : elle nous laisserait l’intégrité de notre orgueil filial. Oui, la preuve est faite désormais de l’honorabilité de nos origines, et il ne sera plus