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en leurs pères, d’anciens pensionnaires du bagne et des galères, et en leurs aïeules, selon la bienveillante expression de M. le baron la Hontan, de modernes répliques des « nonnes de Cythère et de Paphos » ?

Pour triompher facilement de ces calomnies, nous n’aurions besoin que d’en appeler à deux chiffres plus éloquents que tous les plaidoyers : une seule naissance illégitime dans le gouvernement de Québec jusqu’à l’année 1661, et une seule autre jusqu’à l’année 1690.

Ils furent pauvres. Pas tant qu’on l’a dit. Pour quelques-uns c’est l’impardonnable infériorité. Goldwin Smith n’a vu, dans notre race, qu’un « débris antédiluvien de la vieille société française, avec sa torpeur et sa bigoterie, absolument sans aucune valeur pour la civilisation moderne. »[1] Mais nous savons, nous, Dieu merci, qu’il y a richesse et richesse ; nous savons que des races existent qui se passent plus facilement que d’autres d’or et d’argent, et qu’un clocher d’église ou de monastère, quoi qu’en disent les apparences, monte plus haut dans le ciel qu’une cheminée d’usine.

Nous pourrions enfin chercher les causes et les preuves de cette noblesse native, de cette dignité du sang et des manières qui nous a valu d’être appelés un peuple de gentilshommes. Et l’histoire témoignerait que

  1. Cité par Seely, L’Expansion de l’Angleterre, (traduction française), p. 62.