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Chez nos ancêtres



Chez les ancêtres ! Ce titre évoque toute l’histoire publique et privée des aïeux, mais surtout, ce me semble, l’histoire intime, la petite histoire. C’est à elle que je veux me borner. En ce domaine je devrai encore me restreindre.

Nous pourrions nous occuper, par exemple, de l’état intellectuel de nos pères, démontrer aisément qu’ils ne furent point les illettrés que l’on pense, que ce petit peuple de paysans encore défricheurs, grandi dans la guerre permanente et la misère, possédait, toute proportion gardée, autant de petites écoles qu’en France, avait créé son enseignement secondaire et moyen, ébauché même un embryon d’enseignement supérieur ; qu’entre autres choses, et dès le commencement du dix-huitième siècle, on parlait ici le plus joli français du monde, sans impropriétés, sans le moindre accent, non seulement parmi l’élite, mais même, au témoignage exprès de Montcalm, chez les petites gens de la campagne. Et ce serait, par la suppression radicale de son fondement historique, l’écroulement de la légende du patois hérité de nos premiers pères.

Nous pourrions de même examiner la morale des ancêtres. N’a-t-on pas voulu voir,