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les rêves dont ils ont bercé leur âme, les héroïsmes qui ont fait battre leurs tempes. Et de tout cela nous ne pouvons nous séparer qu’en abdiquant le meilleur de notre être spirituel.

Pour ne remuer qu’en passant les miettes de cette richesse, quels jolis tableaux à reconstituer, pour un peintre d’histoire, que ceux des paysages d’autrefois, avec le vieux manoir à girouette et à pigeonnier, avec le vieux moulin aux antennes roulantes, avec la vieille maison blanchie, à toiture normande, avec le profil de nos vieux surtout, de lignes si franches et si vénérables. Quel vivant roman, poème du défrichement, tableau de pastorale et de nature vierge, aller reconstituer dans le cœur des petites Canadiennes de jadis, hésitantes entre le beau coureur de bois aux traits hâlés, diseur de paroles hardies, auréolé de légendaires exploits, du mystère des pays merveilleux, et le simple fils du défricheur, écoulant sa vie sur un petit domaine, en-