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PROLÉGOMÈNES SUR LES TROIS LIVRES

choses divines et humaines ; il place, en effet, l’interpellation suivante dans la bouche de Théonée : « Il y aurait de la honte pour toi à savoir le présent et l’avenir sur ce qui concerne l’humanité et les Dieux, et à ignorer ce qui est juste1. »
III. — Un semblable ouvrage est d’autant plus nécessaire, qu’il ne manque pas d’hommes, même dans notre siècle, et qu’autrefois il n’a pas lait défaut d’individus qui ont méprise cette partie du droit comme ne consistant que dans un vain arrangement de mots. Sur toutes les bouches se trouve cette parole d’Euphémus citée par Thucydide (*), que rien n’est injuste de ce qui est utile aux rois et aux États souverains : proposition à laquelle ressemble celle-ci, que pour les hommes placés au faîte de la fortune, le plus ou moins d’équité dépend du plus ou moins de force, et qu’il n’est pas possible de gouver—

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des connaissances de Pompée dans tout ce qui regardait les relations extérieures de Rome, cl les lois de la paix et de la guerre. Voir : Ompteda, Litteratur des Vollkerrechts, Bd. I, p. 148 ; Wheaton, Histoire des progrès du Dr. des gens, 1853, t. I, p. 142 et suiv. Barbeyrac fait la même observation sur ce passage. P. P. F.
1 Euripide, Hélen. vers. 928, 929.
(*) Ces paroles se trouvent au livre VI :Andri dé Turannô è polei archèn echousè ouden alogon ho, ti xumpheron. La même maxime se trouve au livre V, où les Athéniens qui avaient la prépondérance à cette époque, parlent ainsi aux Mêlions : Oti dikaia mév én tô anthrôpeiô logô apo tès isès anakkès krinetai, dunatà dé oi duvatoi prassousi, kai oi astheneis sugchôrousi ; suivant les idées communes des hommes, le juste se mesure à la nécessité égale où l’on se trouve de part et d’autre ; mais du veste, les plus forts font tout ce que leur supériorité les met en étal de faire, et les plus faibles le souffrent. Grotius.
Barbeyrac fait observer à ce sujet que le premier de ces passages n’est pas bien appliqué. Il y a, comme on voit 'alogon qui signifie déraisonnable, et non pas injuste. D’ailleurs, la suite du discours fait voir qu’il ne s’agit point ici de ce qui est juste ou injuste, mais de ce qui est con- forme ou non à la bonne politique. P. P. F. ===