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y accède sont celles des éléphants sauvages, que des rebelles siamois s’y réunissent, et que le tigre est roi du pays. Et partagé entre mon désir et ma crainte, le premier mot écrit sur mon programme de mission, fut Prah Vihear.

Il n’y a pas de jour, durant mon long acheminement vers lui, qui n’ait eu son incident ou son accident. Des orages continuels ont tout compliqué. Ils avaient coupé les pistes. Mes réapprovisionnements ne me sont pas parvenus et je suis condamné au riz matin et soir. Quatre jours de jonque, deux jours de charrette, un campement dans un village abandonné après le passage du choléra, des véhicules cassés,» des nuées de taons qui nous ont tenus dans une surexcitation perpétuelle, tout cela a exténué mon personnel.

Après deux jours de marche à travers la triste forêt clairière, où rien de pittoresque ni d’heureux n’est venu réjouir mes yeux, sous la pluie battante, j’ai touché au dernier poste de Chéom Khsan, pensant m’y refaire un peu et m’y ravitailler, car un délégué français y séjourne avec une poignée de miliciens. J’ai trouvé ce délégué mourant de fièvre et de dysenterie.


Un Naga de Prah Vihear (hauteur 3 m. 78, largeur 1 m. 50)
Un Naga de Prah Vihear (hauteur 3 m. 78, largeur 1 m. 50)