Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/174

Cette page n’a pas encore été corrigée

XXXIV

11 décembre.

De la dernière assise du temple de Bakong, on n’a pas sous les yeux les vastes horizons toujours mornes de Vat Phu et de Prah Vihear, mais une des plaines les plus fertiles du pays.

Des voies larges de plus de vingt mètres s’étendent sur un sable léger que les charrettes soulèvent en nuages. Et en ce mois de décembre, les rizières, s’étendent jusqu’à l’horizon. On voit des femmes avec des chaînettes d’or aux bras et des hommes en sampot de soie, revenir de botteler le paddy.

C’est la saison du vin de palme. Au couchant, des hommes forts et adroits montent au sommet des hauts palmiers, des vases de bambou attachés à leurs ceintures. Ils coupent les pousses de l’arbre et suspendent le bambou, au-dessous, qu’ils viendront rechercher plein le lendemain. Leurs torses nus rougeoient parmi les feuilles vertes épanouies en éventail. Ainsi, pendant deux mois, coulant de la blessure comme une fontaine, la sève sucrée au goût de fumée sera recueillie.