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qui figure déjà sur les plus vieux bas-reliefs, cette manifestation la plus pure de l’art cambodgien, ce théâtre qui est la vivification des mythes et des poèmes, devant lequel le Khmer ressent ses plus grands enthousiasmes, qui ne lui coûterait ni peine, ni travail, ni argent à entretenir — la danse se meurt. Il faut qu’une ancienne actrice, fixée dans le pays et escomptant seulement le passage des touristes forme cinq fillettes, les éduque, les habille à ses frais, pour que toute cette région qui est la région héroïque, assiste accidentellement au retour de son passé. C’est symptomatique.

Voyons plus loin, Un Cambodgien n’a jamais coupé une seule des racines qui disloquaient ses temples. Replié sur lui-même, il a laissé sombrer ses institutions. Le seul but de ses efforts est sa rizière ; et le seul bien dont il s’occupe, sa marmite et son filet de pêche.

Il ignore presque son roi. La bonzerie suivant cette inéluctable désagrégation, sombre à son tour. Combien de portes se ferment maintenant devant les prêtres qui mendient leur repas journalier ?

Les élèves deviennent rares en certains endroits et il n’y a jamais eu plus qu’aujourd’hui d’illettrés