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le drame du polaris.

ment des eaux, et, se glissant à travers les glaçons et les banquises, il s’efforça de se rapprocher du vaisseau libérateur.

Quelques coups de feu qu’il tira dans la direction du sud furent enfin entendus. Le navire, qui était un baleinier à vapeur, la Tigresse, commandé par le capitaine américain Bartlett, se dirigea du côté des naufragés et les ayant rencontrés sur leur frêle refuge les fit monter à son bord où les soins de toute nature leur furent prodigués. On se trouvait en ce moment par 53° 35′ nord, et les naufragés n’étaient pas à plus de 40 milles de la terre, près de l’île du Loup (Wolf-Island). Leur épouvantable voyage sur les glaçons avait duré cent quatre-vingt-dix-sept jours, au milieu d’angoisses incessantes, d’espérances toujours déçues, d’efforts suprêmes et impuissants.

Le capitaine Bartlett emmena les dix-sept naufragés, tous bien portants et sains et saufs, et les débarqua, sans qu’ils eussent perdu un seul d’entre eux, à Saint-Jean de Terre-Neuve. C’est ainsi qu’on reçut les premières nouvelles du succès remarquable des voyages d’exploration du capitaine Hall et que le monde entier apprit, avec une immense stupéfaction, la terrible et merveilleuse épopée de ces dix-sept malheureux.

Pour achever rapidement le récit de cette expédition, nous emprunterons quelques lignes au livre si remarquable de M. Clementz Markham, les abords de la région inconnue. Cet ouvrage, qui