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le drame du polaris.

Le froid fut moins vif qu’on pouvait le craindre. Il ne fut excessif qu’au mois de mars, époque à laquelle le thermomètre descendit jusqu’à 58 degrés au-dessous de zéro. Cependant, quand le soleil revint sur l’horizon, il se produisit un dégel assez complet ; la terre se couvrit d’herbes maigres et rampantes, nourriture avare que vinrent tondre quelques troupeaux de bœufs musqués.

Malheureusement, à la suite de son exploration en traîneaux, le capitaine Hall tomba malade. Son état alla rapidement en s’empirant, et il mourut après une agonie de quelques semaines. Son corps fut enterré sur le rivage de la baie Polaris et depuis cette époque ce point du globe se nomme Terre-de-Hall.

Le capitaine Buddington hérita alors du commandement suprême, mais il n’avait ni l’énergie, ni le talent de Hall, ni la confiance de l’équipage qui se montra dès lors peu soumis et peu dévoué à ses chefs.

Le navire dut attendre, jusqu’au mois d’août 1872, la débâcle des glaces pour tenter son retour. Il fut ramené à cette époque vers le sud, en profitant d’un courant favorable, mais les glaçons, qui s’accumulaient autour de lui, exerçaient sur sa coque des pressions considérables qui lui firent subir de graves avaries.

Le 15 octobre 1872, un énorme iceberg vint le frapper et le mécanicien effaré accourut sur le pont annonçant que le Polaris coulait bas.