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les explorateurs contemporains.

qui semblent former comme un bras de la mer de Baffin, tendu dans la direction du pôle.

Le premier soin du capitaine Hall, en arrivant dans les régions polaires, fut de rechercher ses deux amis les Esquimaux, Hans et Joë, et de les embarquer avec quelques-uns de leurs camarades et tout un troupeau de chiens habitués à conduire des traîneaux sur la glace. Hans et Joë emmenèrent en outre avec eux leurs femmes et leurs enfants dont ils refusèrent absolument de se séparer.

Arrivé à Tossac, port extrême, le capitaine Hall expédia à ses compatriotes une lettre dans laquelle il disait adieu au monde civilisé, adieu prophétique, car il ne devait jamais revoir la terre des vivants.

L’expédition dépassa de plus de cinquante lieues les plus hautes latitudes atteintes dans ce canal par les précédents explorateurs ; elle découvrit une baie à laquelle elle donna le nom de Polaris et un canal maritime, dirigé en droite ligne vers le pôle qu’elle appela canal Robeson, en l’honneur du secrétaire de l’amirauté des États-Unis, qui avait favorisé l’expédition de tout son pouvoir. Ce canal était obstrué par les glaces. Le capitaine Hall organisa une exploration en traîneaux, qui lui permit d’avancer de quelques lieues ; on crut voir des indices d’une mer libre dans la direction du pôle ; mais la nuit boréale approchait ; il fallut retourner au navire qui hiverna dans la baie de Polaris, point le plus extrême où un navire ait alors séjourné pendant l’hiver polaire.