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la nuit d′hiver du polhem.

hommes, réussit à se frayer un chemin par la glace et gagna sain et sauf la patrie.

Ce qui n’était pas de nature à rassurer les hommes des équipages, c’est que le troupeau de rennes tout entier avait pris la fuite vers le sud, déjà le 15, et après beaucoup de recherches, on ne put rattraper qu’un seul de ces animaux. Le manque de provisions, de vêtements et de bêtes de trait semblait devoir rendre très difficile sinon même à peu près impossible toute excursion lointaine vers le nord. Cette fuite des rennes offrait en outre un autre inconvénient non moins grave, puisqu’il privait l’expédition d’une importante provision de vivres frais sur lesquels elle avait primitivement compté.

Le froid semblait vouloir se mettre de la partie. On n’était encore qu’au mois de septembre et la moyenne de la température était déjà de près de 7 degrés centigrades au-dessous de zéro. Le thermomètre était même descendu une fois au-dessous de 29 degrés. Que devaient donc être les froids d’hiver ?

Ces craintes ne furent pas réalisées. La moyenne d’octobre fut de 12° 63′ et le maximum du froid ne dépassa pas 27 degrés. Le temps, malgré cette température relativement modérée, n’en fut pas moins déplorable, les tempêtes se succédaient si rapidement qu’on pourrait dire qu’elles régnèrent sans interruption. Le soleil se montrait chaque jour de moins en moins longtemps à l’horizon ; il finit par disparaître entièrement et l’on entra dans la grande nuit polaire