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les explorateurs contemporains.

aux suprêmes nécessités, et dont l’imagination avait été mise en marche par une si longue et si terrible série d’épreuves ?

On mit le canot en chantier et l’on scia la partie de la coque qu’on reconnut être hors d’usage, puis on traîna la carcasse ainsi allégée jusqu’aux campements des Samoyèdes. Là, grâce aux secours et à l’aide de ces bardis navigateurs, on remplaça le bordage enlevé par une paroi faite de peaux de phoques cousues ensemble.

La mer, pendant ce temps, était devenue libre, les six échappés du Fraya montèrent sans hésiter sur cette embarcation si fragile, et mirent le cap vers le sud. Ils arrivèrent ainsi à l’île de Waigatch où ils débarquèrent et rencontrèrent un nouveau campement de Samoyèdes qui les accueillirent avec empressement et les transportèrent sur la côte de Sibérie. Là, des Russes les prirent à leur bord et les ramenèrent dans leur patrie.

Le gouvernement norwégien, quand il connut cette épopée de misères, s’empressa d’envoyer un de ses navires à la recherche du Fraya, du capitaine Tobiesen, de son fils, de son lieutenant et du cuisinier. Ces recherches furent vaines et jamais depuis on n’a eu la moindre nouvelle ni du navire, ni des hommes qui le montaient.

Ces deux histoires, si différentes l’une de l’autre, sont bien faites pour montrer combien l’énergie et la volonté, l’activité et la foi en soi-même, sont des qualités essentielles pour vivre sous ces latitudes