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les marins du fraya.

ment plus grand avec lequel ils se proposaient de retourner dans leur pays, mais rien n’annonçait que la mer dût bientôt leur livrer un libre passage.

C’est au moment même où les Samoyèdes et leurs hôtes se livraient à ces pensées tristes, que Nielsen et Olsen arrivèrent à leur campement. Nous laissons au lecteur le soin de se représenter la joie qui s’empara du cœur de tous ces compagnons qui, chacun de leur côté, croyaient les autres perdus irrémédiablement.

Trois semaines s’écoulèrent encore et furent employées a rendre la santé et les forces aux deux nouveaux venus, puis les matelots du Fraya se réunirent et tinrent conseil.

On conclut à l’unanimité, après avoir examiné la situation, que ce serait abuser de l’hospitalité des Samoyèdes que de rester plus longtemps à leur charge. La température devenait chaque jour plus clémente, les six naufragés se remirent en route et s’efforcèrent, en se dirigeant vers le campement russe abandonné, de retrouver le cadavre de leur camarade mort. Ces recherches furent vaines, sans doute les ours blancs avaient fait leur pâture des restes de ce malheureux.

Le but de ce voyage en arrière était d’aller à la recherche du canot abandonné auprès de la cabane de bois et de s’en servir à la première débâcle pour tâcher de gagner le continent. L’embarcation était encore sur le sol, mais dans le plus fâcheux état. Tout l’arrière avait été arraché pour entretenir le feu ; mais que n’auraient pu faire des hommes ainsi en proie