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les marins du fraya.

Dans notre pays, avaient-ils coutume de dire, on sait que dans les régions froides, l’activité est le seul moyen de conserver sa santé.

Donc, ils étaient sans cesse à la poursuite du gibier, rennes sauvages, ours ou phoques ; les matelots norwégiens s’associèrent avec ardeur à cette existence active et mouvementée. Les armes qu’ils possédaient, pour être primitives, n’assuraient pas moins à la colonie de nouvelles provisions fraiches, sans cesse renouvelées.

Ces armes consistaient surtout en fusils à pierre comme ceux dont on se servait en Europe au commencement du siècle. On sait, en effet, que c’est là la seule arme à feu que puissent employer les peuples sauvages ou isolés, par suite de l’impossibilité où ils se trouvent de se procurer les cartouches spéciales nécessitées pour l’usage des fusils nouveau modèle à tir rapide et à longue portée.

L’installation de ces bons sauvages était aussi confortable qu’on pouvait l’espérer dans de telles latitudes. En dehors de leur maison de bois, ils avaient des traineaux dont la trace avait sauvé les quatre matelots, et de petites embarcations à l’aide desquelles ils pouvaient traverser les parties de mer, ou les crevasses dans lesquelles l’eau était restée libre de glace.

Ces braves gens semblaient d’ailleurs aussi naïfs et aussi ignorants qu’ils se montrèrent aimables et hospitaliers. Bien que professant, au moins de nom, la religion que leur avaient enseignée les popes