Page:Gros - Les explorateurs contemporains des régions polaires, 1881.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
les explorateurs contemporains.

restés évanouis sur le sol glacé, aperçurent une cabane et se présentèrent à la porte.

Cette humble demeure était occupée par des pêcheurs samoyèdes. Ces pauvres gens, hospitaliers et bons, accueillirent les deux fugitifs avec la plus vive commisération. Dès qu’ils surent que deux hommes étaient restés en arrière, ils allèrent à leur recherche et les rapportèrent sans connaissance. On s’empressa autour d’eux, on leur prodigua les soins les plus touchants et bientôt on eut la satisfaction de voir ces êtres plus qu’à moitié morts se cramponner à l’existence, reprendre leurs forces, et offrir à leurs hôtes généreux le concours de leurs efforts et de leur travail. Un seul resta alité tout l’hiver ; il avait eu les membres gelés. Les Samoyèdes étaient au nombre de sept. Leur petite colonie se composait de trois hommes, trois femmes et un jeune garçon ; ils s’étaient établis sur la pointe méridionale de la Terre des Oies, pour y chasser des phoques, des morses et des ours blancs.

Les pêcheurs n’avaient pas, comme les marins du Fraya, été surpris par les froids anticipés : ils étaient venus s’établir là bien résolus d’y passer toute la saison d’hiver et s’étaient approvisionnés de bois et de vivres. Ils avaient en abondance de la viande de renne fumée et salée, du thé, de la farine, du sucre,  etc. De plus, c’étaient des gens actifs et infatigables. Quelque fût le temps, l’intensité du froid, ils ne passaient pas de jour sans aller en expédition.