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les marins du fraya.

peine d’ensevelir leur compagnon, ils abandonnèrent leur traineau et la plupart des objets qu’ils avaient transportés jusque-là et, sans espoir d’arriver nulle part, ils continuèrent péniblement la route commencée. Néanmoins, deux jours plus tard, ils avaient avancé de quatorze milles vers le sud.

Là, ils avaient perdu la dernière trace de force d’âme et ils prenaient froidement la résolution de se coucher sur la neige, et d’attendre la mort, quand l’un d’eux, qui s’était un peu écarté, accourut essoufflé et joyeux.

— J’ai découvert du bois, dit-il, et nous sommes sauvés.

— Du bois ! c’est bien, dit un autre, mais où prendrons nous des vivres ?

— Près du tas de bois que j’ai rencontré se trouvent des traces de traîneau que la neige n’a pas encore effacées. Donc, il y a ici, dans les environs, des hommes, par suite, le salut et la vie assurés.

Cette révélation rendit à tous l’espérance et galvanisa les corps avec les cœurs de ces êtres réduits déjà plus qu’à moitié à l’état de cadavres.

Après avoir réchauffé devant un feu clair leurs membres engourdis, il s’efforcèrent de suivre, en se trainant, les traces qui se prolongeaient toujours et paraissaient vouloir n’aboutir nulle part. Enfin, après un calvaire de près de cinq lieues, deux des quatre pauvres diables, qui continuaient leur route, sans se préoccuper de leurs deux autres compagnons