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les explorateurs contemporains.

consultèrent pour savoir ce qu’il convenait de faire. Nous avons dit qu’après avoir tiré au sort les deux avis qui devaient s’ouvrir à ce moment, un hasard fatal leur avait conseillé de continuer leur route vers le sud.

Dans ces régions, il est toujours aisé de suivre la côte qui se couvre chaque hiver d’une énorme bordure de glace ; les cinq hommes se dirigèrent donc vers le sud et marchèrent épuisés et mourants.

Ils eurent beau ménager les quelques vivres qui leur restaient, ils envisageaient sans cesse avec terreur le moment fatal où le dernier vestige en aurait disparu. Or, ils étaient désarmés et il ne leur restait aucun moyen de renouveler ces provisions de bouche.

La nuit, il fallait se garer du froid et de l’attaque des ours blancs ; on creusait des trous dans la neige pour dormir. L’un des malheureux était forcé de monter la garde à l’entrée de la tanière, soit pour se préserver d’une attaque nocturne, soit pour empêcher la neige de boucher l’orifice du gîte et de le convertir en un tombeau, soit par suite d’un écroulement, soit en privant d’air respirable les infortunés endormis.

Les vivres manquèrent tout à fait vers le sixième jour. Quand les matelots abandonnés virent un des leurs succomber à la peine et mourir, ils sentirent le désespoir envahir leur âme. Les vivres manquaient tout à fait ; ils étaient affamés, engourdis par le froid, malades, sans forces. Sans prendre la